Gendarme à la retraite et passionné d’histoire, Jean-Philippe Chamaillet s’est intéressé dans un livre qu’il vient de publier aux victimes civiles de la Libération en août 1944 dans le département.

Elles ont trouvé la mort dans le Maine-et-Loire à la Libération entre le 1er et le 11 août 1944. Ces victimes civiles de la Seconde Guerre mondiale, restées bien souvent anonymes, ont payé elles aussi un lourd tribut.

« Des civils pris dans l’étau des affrontements »

Militaire dans la gendarmerie à la retraite, membre du Souvenir français et passionné d’histoire, Jean-Philippe Chamaillet leur consacre un ouvrage. Un juste hommage rendu à leur mémoire qui vient combler un vide.  La guerre est bien souvent racontée sous l’angle des opérations militaires. D’un point de vue humanitaire, la guerre ce sont surtout des civils pris dans l’étau des affrontements , écrit l’auteur qui s’est attaché à rechercher les circonstances dans lesquelles des dizaines de citoyens ont trouvé la mort dans le Maine-et-Loire au moment de la Libération.

À partir de témoignages, après avoir puisé dans les archives familiales, départementales et militaires, des collections privées, Jean-Philippe Chamaillet a recensé 92 victimes Mortes pour la France.  Le plus jeune était un bébé de six mois tué dans un bombardement à Segré, les plus âgés des vétérans de la Première Guerre mondiale .

Parmi elles, sept civils tués le 9 août par un bombardement américain à Étriché. Une famille de cinq personnes a été décimée ce jour-là, en même temps qu’ un domestique agricole et une jeune fille qui avait été placée dans cette ferme , relate l’auteur. La bataille d’Angers et ses conséquences directes (combats, pillage, déminage) ont occasionné quant à elles pas moins de 48 morts, dénombre Jean-Philippe Chamaillet.


« Un angle mort de l’histoire »

Plus particulièrement touchés en août 1944 par les bombardements alliés, les civils ont été victimes, pour certains,  d’exécutions sommaires par les Allemands pour des motifs futiles, rapporte Guy Stefanini, historien de la Seconde Guerre mondiale.  On pouvait se faire tuer pour un vélo, pour une réflexion de travers qui ne passait pas, atteste Michel Letertre, professeur d’histoire-géographie au lycée David-d’Angers, qui a contribué à cet ouvrage, qu’il a préfacé.  Un livre qui vient combler un angle mort de l’histoire angevine, atteste-t-il. Grâce aux historiens spécialisés, la question des pertes militaires américaines et allemandes a déjà été abordée. Par contre, personne ne s’était intéressé jusqu’à présent aux victimes non combattantes, réduites comme trop souvent à l’état de simples  dégâts collatéraux .

Fort de plus quarante ans de recherches fouillés et nourries, de témoignages, d’archives et d’objets collectés, Guy Stefanini a apporté lui aussi à ce livre son expertise. Pour réaliser cet ouvrage très documenté et accessible, riche en illustrations souvent inédites, Jean-Philippe Chamaillet s’est appuyé sur les spécialistes du sujet, à l’image d’Yves Bellanger, historien militaire, ou de Pascal Tellier, responsable du fonds iconographique des Archives départementales.

 « La Libération d’Angers 1944 », de Jean-Philippe Chamaillet, éditions Pays & Terroirs, 25 €. En vente à l’Antre des Curieux, rue Toussaint , librairie Richer rue Chaperonnière.


À savoir : Ces FFI Morts pour la France

Dans son ouvrage, Jean-Philippe Chamaillet met également en lumière les FFI (Forces françaises de l’intérieur)  qui ont payé de leur vie leur engagement . Entre le 1er et le 31 août 1944, 68 d’entre eux ont trouvé la mort, a comptabilisé l’auteur qui retrace aussi le parcours de trois gendarmes tués en 1944 : le lieutenant Marie Bouthet du Rivault, décédé le 28 mai lors des bombardements de la Pentecôte place Freppel ; André Pineau, grièvement blessé le 11 août sur le pont de Verdun par un tir américain parti d’une mauvaise manipulation (il est décédé plus tard dans la nuit), Félix Fradin abattu le 11 août par un Trélazéen lors du pillage du château de Pignerolles déserté par les Allemands.

Mireille Puau


Article paru dans Le Courrier de l’Ouest le 14 décembre 2024 (lire l’article)


Un livre raconte ces civils « pris dans l’étau des affrontements » en Maine-et-L

Angers, pont de Verdun, le 11 décembre 2024. Jean-Philippe Chamaillet, auteur de « La Libération d’Angers 1944 », avec Michel Letertre, professeur d’histoire au lycée David-d’Angers, et Guy Stefanini, historien de la Seconde Guerre mondiale. | CO



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