Agriculture : apprendre à gérer l’eau de pluie et de débordement
L’association du Camp de César vit avec anxiété la sécheresse hors norme de cet été et l’ampleur des incendies qui ravagent le pays. La biodiversité, vitale pour les êtres humains, est mise en péril ou disparait. L’heure est grave, il est temps de réagir vraiment.
Ces phénomènes exceptionnels devraient entrainer une vision plus modeste et plus pragmatique de l’écologie. L’eau, c’est la vie, la biodiversité. Et le manque d’eau devient insupportable. Il faut en revenir à la recherche de l’équilibre et de la raison dans tous les domaines. L’association du Camp de César n’a pas de leçons à donner. Mais elle communique son avis sur la gestion de l’eau pour l’agriculture depuis une dizaine d’années. Lutter contre les émissions de carbone et les gaz à effet de serre est important. Mais il est tout aussi indispensable de gérer l’eau pour sauver la biodiversité… et les arbres qui absorbent le carbone.
L’association du Camp de César a ainsi rappelé devant le Conseil de développement Loire Angers, dont elle est membre, que le manque d’eau serait le problème des années à venir (nous y sommes). Un rapport du Conseil évoquait d’ailleurs les solutions trouvées ailleurs qui pourraient être reprises localement. L’hiver, une grande partie de l’eau des rivières, des pluies et des inondations ne se retrouve pas dans les nappes phréatiques. Elle va à la mer où elle est perdue définitivement, alors qu’elle pourrait être récupérée dans des réserves collinaires ou des réserves de débordement de ruisseaux, rivières, fleuve dans les inondations. Par contre, le stockage de l’eau en hiver dans des bassines provient d’un pompage dans les nappes phréatiques qui, de ce fait, se trouvent fragilisées. Ce n’est donc pas une solution durable.
Cette eau naturelle dans les réserves servirait l’été aux agriculteurs qui irriguent pendant les périodes de sécheresse. L’association a fait valoir ce point de vue à Corinne Bouchoux, vice-présidente d’Angers Loire métropole, lors d’une rencontre en janvier 2021 pour lui exposer sa vision sur l’avenir de la Zone Agricole Protégée. L’élue l’a écouté avec attention. Nous attendons de connaître les réponses de la collectivité à nos propositions et leur prise en compte dans les documents d’urbanisme.
Le territoire angevin possède des atouts sérieux, ne serait-ce que la présence de la Maine et de la Loire. Tous les acteurs locaux doivent se mettre en relation pour effectuer les bons choix. Le territoire pourrait être un modèle s’il parvenait à équilibrer ses ressources en eau. Dans le monde, des pays réussissent à les gérer. Il y a longtemps que notre agriculture spécialisée a emprunté le modèle d’utilisation rationnelle de l’eau développé en Israël depuis des décennies : nos professionnels de l’arboriculture, des plantes en pots font désormais largement appel à la technique du goutte à goutte. Ce pays stocke 80 % de sa pluviométrie contre…1,7 % en France.
« Celui qui vous dit cela n’est pas un ingénieur, mais un paysan en retraite qui a observé la nature pendant 70 ans. Je suis très fier de l’aide précieuse que les agriculteurs ont apportée aux sapeurs-pompiers lors de la lutte contre les incendies en acheminant l’eau dans leurs citernes ou leurs tonnes. Cette fois ci, ils n’ont pas été montrés du doigt pour leur pratique culturale, mais félicités pour l’aide apportée. Si l’agriculture consomme beaucoup d’eau, c’est pour faire pousser les fruits et les légumes destinées aux populations humaines et animales ».
17 aout 2022
Joseph Leroyer
Vice-président de l’association du Camp de César
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