Le 1er Mai dans le Maine-et-Loire. « Un bouquet de muguet, ça compte pour les gens »
Seule productrice de muguet en Anjou, la société Froger Fleurs a cultivé cette saison quelque 300 000 brins pour le 1er Mai. Les Pays de la Loire, portés à 85 % par la Loire-Atlantique, fournissent 95 % du muguet français.
Depuis l’Antiquité, il célèbre la nouvelle saison. Plante porte-bonheur par excellence, le muguet va de pair depuis le début du siècle dernier avec le 1er Mai. On ne va pas à la boulangerie ce jour-là sans en ramener un brin, acquiesce avec le sourire Guillaume Froger, producteur angevin et gérant de la société du même nom installée aux portes d’Angers à Sainte-Gemmes-sur-Loire. L’entreprise, seule productrice de muguet en Anjou, cultive chaque année avec passion quelque 300 000 brins. La tradition demeure, un petit bouquet de muguet ça compte pour les gens, c’est toujours très sympa.
« Le freiner pour ne pas qu’il s’emballe »
Pour obtenir à la date requise de beaux brins au top, le muguet requiert moult attentions. Ce n’est pas le plus simple, reconnaît le gérant, qui gère sur le site de Sainte-Gemmes une production d’1,5 hectare. Réussir à obtenir un brin de qualité pour le jour J, c’est un vrai challenge. Si vous le récoltez trop tôt, il peut se conserver en chambre froide mais c’est pour lui de la durée de vie en moins. Il faut le freiner pour ne pas qu’il s’emballe.
Un muguet de qualité se repère notamment à ses feuilles épanouies et à sa tige épaisse, à ses clochettes blanches bien proportionnées, et à ce signe qui ne trompe pas : Un muguet frais est très odorant, à la limite de l’entêtement , éclaire le spécialiste.
Pour réguler son avancement, l’entreprise jongle avec les techniques, entre ombre et lumière, tantôt confiné, tantôt aéré. Sous de grandes bâches, le muguet mûrit pas à pas, protégé par trois couches différentes. On le recouvre avec un premier plastique transparent, un deuxième opaque et un troisième noir et blanc, détaille le responsable. Le muguet va ainsi s’allonger. On le ventile à certains moments, en soulevant la bâche pour éviter les maladies : champignons, botrytis… On fait varier cette stratégie en fonction du temps.
« Tous les scenarii »
Cette année, il a fallu jongler avec les variations de la météo. La saison a concentré beaucoup d’eau mais aussi de la douceur, un pic de chaleur à la mi-avril et dans la dernière ligne droite, du froid. On a eu tous les scenarii , mesure Guillaume Froger, qui porte un regard satisfait sur le travail accompli.
Lundi matin, une quarantaine de salariés, parmi lesquels quelques saisonniers, ont procédé à la dernière étape de la cueillette, lancée le 20 avril. La production de Froger Fleurs a rejoint principalement les fleuristes et jardineries du Grand Ouest et de la région parisienne. Le but étant, rappelle le professionnel, d’écouler en totalité notre production. Si besoin, nous complétons avec des achats auprès des producteurs nantais (qui concentrent la plus grosse production en France, N.D.L.R.) pour ne pas générer de pertes.
La région Pays de la Loire représente 95 % de la production nationale, sachant que 85 % sont produits en Loire-Atlantique. Le nombre de producteurs diminue chaque année, par contre les volumes commercialisés se maintiennent , indique dans « Presse Océan » la Fédération des maraîchers nantais. Le chiffre d’affaires annuel dégagé par la production du muguet varie entre 20 et 30 millions d’euros.
Depuis trois générations
Spécialiste de la fleur coupée depuis trois générations, Froger Fleurs, entreprise horticole familiale, produit toute l’année une grande diversité de fleurs coupées à destination des professionnels, principalement roses, gerberas, lys, chrysanthèmes. Elle gère également des cultures saisonnières, comme les tulipes, muguet, pivoines, renoncules, tournesols, glaïeuls… Nous puisons nos racines dans l’envie d’amener de beaux produits, résume Guillaume Froger, son gérant.
La société, qui emploie 42 personnes, s’étend sur deux sites : à Sainte-Gemmes-sur-Loire pour la production et aux Ponts-de-Cé à Floriloire pour la partie commerciale.
Unique producteur angevin de muguet, Froger Fleurs,
ci-dessus Guillaume Froger son gérant, a produit 300 000 brins pour cette saison.
Article paru dans le Courrier de l'Ouest le 30 avril 2024 (Lire l'article)
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